Livraison gratuite* pour les commandes de 75$+ | Ramassage gratuit en tout temps !

Livraison au Québec. Certains produits peuvent être exclus de la livraison gratuite (ex: mobilier de bureau, coffres-forts, etc.)

0
Votre panier est actuellement vide

Mon panier - Commande rapide

Études françaises, vol. 54 no 1 (2018)

Par Lefort-Favreau, Julien
978-2-7606-3970-6
(9782760639706)

Votre prix

  • 10,99$ /unité

Format PDF
10,99$ /unité
(9782760639706)
Numérique
Format ePub
10,99$ /unité
978-2-7606-3971-3
(9782760639713)
Numérique

« La Révolution, tombeau des arts ! » C’est l’antienne reprise d’Edmund Burke à Auguste Cochin pour décrier la décadence esthétique provoquée par la Révolution française. En 1799, de manière à peine moins pessimiste, La Harpe considérait la décennie révolutionnaire comme un « véritable interrègne », ayant « donné naissance à une littérature que nous ne connaissions pas, qui n’existe que par lui, qui n’est digne que de lui, et qui, d’un moment à l’autre, doit disparaître avec lui ». Des représentations semblables s’attachent au soulèvement de mai et juin 1968, comme si les dérèglements de la vie politique ne pouvaient que réduire au silence les arts et la littérature. Dans La littérature et le mouvement de Mai, il y a plus de trente ans, Patrick Combes s’interrogeait déjà : « pourquoi Mai offre-t-il l’image d’une “révolution culturelle” dont, étrangement, contre toute attente, la “littérature”, le “littéraire” semblent absents ? » Pendant la plus grande grève générale de l’histoire de France, où l’occupation des facultés et des usines a rapidement succédé à l’occupation de la voie publique par des centaines de milliers de manifestants, la vie littéraire se serait brusquement interrompue, avant de reprendre son cours normal comme si rien n’avait eu lieu. À chaque commémoration décennale, on répète en effet que le printemps français, malgré son importance dans l’histoire des mouvements sociaux, n’eut aucun effet significatif sur la littérature et n’engendra que des oeuvres mineures, comme les romans Chien blanc de Romain Gary, Derrière la vitre de Robert Merle ou La manière noire d’Hélène Parmelin, qui n’ont certes pas marqué l’histoire de la littérature. Il est au demeurant symptomatique que les grands ouvrages de synthèse sur la période consacrent des chapitres à l’architecture, à la peinture, au théâtre et au cinéma, mais n’abordent ni l’engagement des écrivains ni les incidences de la contestation sur la littérature. Même Kristin Ross, l’une des historiennes les plus aguerries des politiques de la littérature, réaffirme en ouverture de Mai 68 et ses vies ultérieures le consensus critique qui s’est imposé au cours du dernier demi-siècle : « Mai 68 n’a guère eu d’influence dans les sphères de la haute culture française, plus particulièrement en littérature. » D’où le paradoxe d’une explosion révolutionnaire sans égale dans le xxe siècle français, qui suscite une multitude d’interprétations, de commentaires, de témoignages, au point de se transformer en « un gigantesque événement de papier » selon la juste expression de l’historien Philippe Artières, mais dont le souffle contestataire aurait à peine été ressenti dans le monde littéraire.

Détails

Du même auteur